Le ciel pleure ses larmes blanches Sur les jours roses trépassés ; Et les amours nus et gercés Avec leurs ailerons cassés Se sauvent, frileux, sous les branches. Ils sont finis les soirs tombants, Rêvés au bord des cascatelles. Les Angéliques, où sont-elles ! Et leurs âmes de bagatelles, Et leurs coeurs noués de rubans ?... Le vent dépouille les bocages, Les bocages où les amants Sans trêve enroulaient leurs serments Aux langoureux roucoulements Des tourterelles dans les cages. Les tourterelles ne sont plus, Ni les flûtes, ni les violes Qui soupiraient sous les corolles Des sons plus doux que des paroles. Le long des soirs irrésolus. Cette chanson — là -bas — écoute, Cette chanson au fond du bois... C'est l'adieu du dernier hautbois, C'est comme si tout l'autrefois Tombait dans l'âme goutte à goutte. Satins changeants, cheveux poudrés, Mousselines et mandolines, Ô Mirandas ! Ô Roselines ! Sous les étoiles cristallines, Ô Songe des soirs bleu-cendrés ! Comme le vent brutal heurte en passant les portes ! Toutes, — va ! toutes les bergères sont bien mortes. Morte la galante folie, Morte la Belle-au-bois-jolie, Mortes les fleurs aux chers parfums ! Et toi, sœur rêveuse et pâlie, Monte, monte, ô Mélancolie, Lune des ciels roses défunts. Albert Samain Hiver
Tachanson pour les mois d'hiver Celle qui dans tes yeux, éclaire ton âme comme le feu Moi j'éteins la lumière Y'a plus que nous deux sur la terre Ici, il n'y a pas de misère Il n'y a que la vie,Chanson pour les mois d’hiverChanson pour rêver, chanson douce-amèreEn plein coeur de décembreIl tombe des étoiles de neigeL’automne est déjà loin derrièreLa forêt enneigée calme les colèresIl y a ce silence qui hanteLes montagnes et la plaine Rallume le feu, réchauffe-moi tant que tu peuxChante-moi un airTa chanson pour les mois d’hiverCelle qui dans tes yeux éclaire ton âme comme le feuMoi, j’éteins la lumièreY a plus que nous deux sur la Terre Ici, il n’y a pas de misèreIl n’y a que la vie, l’amour et l’hiverEt puis on est ensemble, si tendreLe coeur grand ouvertJe ne pense plus à la merEmmitouflée dans tes yeux, dans l’universJ’ne veux plus redescendre la penteJ’veux rester dans l’hiver Rallume le feu, réchauffe-moi tant que tu peuxChante-moi un airTa chanson pour les mois d’hiverCelle qui dans tes yeux éclaire ton âme comme le feuMoi, j’éteins la lumièreY a plus que nous deux sur la terre Et loin de nous, les inquiétudes du tempsIci, y a que toi et moi et le ventJe regarde nos pas dans la neige et je ressensNos coeurs battantsSur tapis blancLa la la… Rallume le feu, réchauffe-moi tant que tu peuxChante-moi un airTa chanson pour les mois d’hiverCelle qui dans tes yeux éclaire ton âme comme le feuMoi, j’éteins la lumièreY a plus que nous deux sur la Terre ZVX5d.